11 05 2018
Visiter une ville, découvrir les abords d’un resort ou les équipements d’un hôtel, avant même d’acheter un billet pour un voyage. Essayer un siège à bord d’un train ou d’un avion, avant de choisir son emplacement lors d’une réservation. Une fois à bord, voir, littéralement, à travers les parois de ce même train ou avion. Voilà ce qu’offrent aujourd’hui les casques de réalité virtuelle aux voyageurs. Ces expériences immersives, qui donnent aux consommateurs la possibilité d’anticiper, en 3 dimensions, ce que sera leur expérience de voyage, ou de la rendre plus agréable ou intéressante, s’installent progressivement au cœur des offres des professionnels du secteur. Car la technologie est, indéniablement, arrivée dans sa phase de maturité : cinq millions de casques devraient être vendus en 2018 dans le monde¹. Pas de doute — la réalité virtuelle dote l’expérience des voyageurs d’une nouvelle dimension.

La réalité virtuelle a, ces deux dernières années, fait son entrée dans les agences de tourisme et les clubs de voyage. En donnant à leurs clients un avant-goût de ce qui les attend, elle devient un véritable outil d’aide à la vente, mais aussi une manière de redonner aux points de vente physiques leurs lettres de noblesse. Un exemple suivi par le Club Med, comme l’explique Julien Lebreton, Directeur communication & contenus International : « quand on pense à la réalité virtuelle dans le tourisme, on pense au point de vente, à la capacité à le réenchanter, mais aussi à donner des occasions de s’y rendre, pour faciliter l’achat et recréer des émotions ».

Dans les agences de voyages, l’impact sur les ventes reste encore à prouver, mais la rapidité avec laquelle le procédé s’est développé dans les agences montre l’intérêt évident des clients… et des agents. Ils y voient en effet un moyen de raconter de belles histoires, de guider leur client et donc « d’avoir un échange plus riche que des contenus photos ou vidéo », détaille Julien Lebreton*. À noter que les destinations méconnues ou nouvelles sont celles qui ont le plus de chance de bénéficier d’une découverte en amont : le casque de réalité virtuelle, par la qualité et le détail de l’immersion proposée, peut en effet rassurer les voyageurs sur la qualité de destinations pour lesquelles les avis de consommateurs sont trop peu nombreux pour guider le choix.

Mais l’utilité des casques de réalité virtuelle ne s’arrête pas à la découverte et à l’achat d’une prestation. Elle offre également un appui apprécié lors du voyage lui-même. Côté transport, les professionnels font en effet appel à la réalité virtuelle pour aider les voyageurs à mieux maîtriser leurs conditions de voyage.

OUI.sncf travaille sur un projet qui permettrait de choisir une destination, une date, une heure du voyage, ainsi que sa place en se promenant (virtuellement) dans la voiture. Plutôt destinée à des voyageurs occasionnels et étrangers, OUI.sncf mise sur cette innovation pour enrichir son application de réservation **.

Au-delà du test, une question demeure : certes, la réalité virtuelle permet d’apporter un service supplémentaire, mais comment transformer cette expérience ludique en acte de réservation ? Pour l’instant l’application ne permet pas de le faire directement. Elle n’est pas accessible sur OUI.sncf. « Mais à l’avenir, nous aimerions passer du classique à la réalité virtuelle avec une seule appli », annonce Elodie Benoist, responsable vision digitale chez OUI.sncf.com***.

Citons encore les premiers pas de la solution de réalité virtuelle « 3D SeatMapVR », développée par la start-up espagnole Renace, qui offre aux compagnies aériennes la possibilité d’offrir à leurs clients un aperçu immersif de leur environnement de voyage. Utile pour les voyageurs qui s’apprêtent à passer de longues heures en vol.  Utile également pour les compagnies, qui y trouvent un moyen d’inciter les passagers à opter pour un surclassement.

Outre l’aide à la réservation, la réalité virtuelle commence également à porter ses fruits comme équipement Premium pendant le voyage. Air France l’utilise depuis l’été 2017 pour proposer des divertissements à ses passagers de classe business en direction de Saint Martin. Équipés de casques, ils peuvent littéralement plonger au cœur d’un film, pendant leur voyage. Dans cette catégorie très concurrentielle, tout service supplémentaire à offrir aux voyageurs compte, et la compagnie souhaite étendre cette expérience à d’autres vols.

Même idée chez Eurostar qui, lors de l’été 2017, a proposé à ses voyageurs de vivre l’expérience virtuelle « Eurostar Odyssée », durant leur trajet. Lorsque le train circulait sous la Manche, son toit se transformait en un plafond de verre pour montrer le monde sous-marin environnant. Pour autant, cette initiative, plus qu’un véritable service rendu aux voyageurs en mal de divertissement, permet d’offrir une expérience en totale cohérence avec la marque.

Au-delà de ses atouts pour les voyageurs et passagers, la réalité virtuelle pourrait également fournir une solution de formation inédite. Les conseillers — en agences de voyages indépendantes, dans les réseaux des tours operators… — pourraient y trouver matière à s’immerger, à distance, dans les destinations de leur catalogue. Investir dans des casques de réalité virtuelle pourrait se révéler être un usage complémentaire aux formations de terrain.

La réalité virtuelle est un outil qui sensibilise et permet de se projeter : pour faire vivre l’expérience d’un rapatriement, Allianz Partners France a créé un film de réalité virtuelle tourné en 360 degrés. Avec un casque, tous ses partenaires peuvent vivre un rapatriement de l’intérieur, du point de vue du client.

La SNCF s’est également tournée vers la réalité virtuelle pour sensibiliser ses voyageurs à la sécurisation de ses voies ferroviaires, dans l’intention de toucher le plus grand nombre. En février 2018, des voyageurs ont pu essayer des casques de réalité virtuelle et découvrir les effets du souffle d’un train traversant une gare sans s’arrêter : des mannequins étaient alors happés. Une application dédiée est donc disponible en téléchargement sur la bibliothèque Samsung VR, et des agents SNCF IMS (intervenants en milieu scolaire) munis de casques font le tour des établissements scolaires.

Que la réalité virtuelle soit au service du consommateur ou des marques, reste un élément essentiel pour que son succès se confirme : la qualité des contenus proposés. Une étude menée par une équipe de chercheurs chinois et britanniques l’a en effet montré : pour que l’immersion virtuelle dans une destination de voyage emporte l’enthousiasme d’un individu, il faut que le sentiment de présence et d’authenticité de ce que montre le casque soit fort. Conséquence : les marques auront toujours intérêt à soigner la production des mondes virtuels qu’elles proposent d’explorer, si elles souhaitent que leurs clients franchissent effectivement le pas et fassent leurs bagages pour les destinations du monde réel.

 

¹ Usine nouvelle, 08/01/2018

* Source : L’Usine digitale, 31 juillet 2017

** Source : JDG, 24 juin 2016

*** 20 minutes, 2 février 2017

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