18 09 2018
Certes, le déclin de la popularité des grands salons de l’automobile se confirme depuis le milieu des années 2000. Avec une fréquentation en nette baisse - 1 460 803 visiteurs en 2004, contre 1, 07 millions en 2016 -, le Mondial de l’automobile de Paris devait réagir. Avec sa nouvelle formule inaugurée cette année, le salon de la Porte de Versailles veut se recentrer sur l’innovation et mettre en avant d’autres formes de mobilité comme la moto, le covoiturage, le car sharing, la micromobilité (vélo par exemple)... « La voiture fait désormais partie d’un écosystème plus large de la mobilité. Maintenant, surtout dans les grandes villes, on peut utiliser dans la même journée un vélo électrique, une moto, une voiture louée, son propre véhicule le soir… Cette adaptation était devenue nécessaire pour notre salon », commence Jean-Claude Girot, commissaire général du Mondial.

Location longue durée (LDD) de véhicules, location entre particuliers, covoiturage, solutions de micromobilité… Tous les moyens modernes de mobilité seront désormais évoqués lors du Mondial Paris Motor Show, là où les dernières éditions se concentraient surtout sur la présentation et l’achat de véhicules à quatre roues. « Le salon a bien compris que les jeunes générations ne perçoivent plus la possession d’un véhicule comme une fin en soi, notamment en ville. Volonté d’économiser, de limiter les émissions polluantes, envie de gagner du temps… Le transport intermodal est devenu banal en milieu urbain. Il suffit de voir comment les problèmes rencontrés par Vélib à Paris irritent l’opinion publique », analyse Pascale Hébel, directrice du pôle Consommation et entreprise au CREDOC.

« Les millenials défendent l’idée que la voiture est surtout un moyen de gagner du temps et de l’argent, alors que les conducteurs de plus de 50 ans la perçoivent surtout comme un endroit intime, confortable », analyse Karen Tartour, directrice secteur automobile chez TNS SOFRES. Corollaire de cette évolution : les plus jeunes n’ont rien contre le fait de travailler à bord de leur véhicule, mais aussi d’accueillir des covoitureurs ou de livrer des colis pendant leur trajet pour rentabiliser son coût.

Pour répondre à ces besoins changeants, parfois immédiats, le mondial de la Tech, réservé aux professionnels, fait ses débuts cette année. « L’idée est de promouvoir l’innovation dans le secteur automobile et celui de la mobilité, en faisant appel à des start-up dans le cadre d’un concours. 450 ont déposé leur candidature, 64 ont été retenues. Sur place, ces jeunes entreprises rencontreront des financeurs, feront une veille de la concurrence et élargiront leur réseau, notamment auprès des constructeurs automobiles intéressés par leurs innovations… ou par leur rachat », continue Jean-Claude Girot. Le panel varié des sponsors qui se sont engagés à collaborer avec la start-up gagnante — Transdev, Magna, Renault Nissan Mitsubishi, Faurecia, Atos ou Air Liquide — confirme que l’automobile fait désormais partie d’un écosystème élargi, au sein duquel elle doit trouver sa place. « Pour être compétitif, un véhicule doit désormais être intelligent, communicant et connecté. Et on assiste à une démocratisation progressive de la voiture autonome, même si l’on parle actuellement de semi-autonomie », continue Karen Tartour. Par exemple, une marque grand public comme Renault va présenter à Paris sa Clio V — peut-être sous forme de concept car —, un modèle qui sera en partie autonome sur autoroute dès 2019.

Pour préparer l’avenir, le salon proposera aussi une « arena » avec des conférences et des ateliers permettront de découvrir la mobilité du futur. Des acteurs phares du secteur automobile, mais aussi de la « Tech », viendront exposer leur vision de la mobilité de demain, notamment Carlos Ghosn, PDG de l’Alliance Renault-Nissan, Carlos Tabares, président du directoire de PSA ou encore Gary Shapiro, président de la Consumer Technology Association (CTA), la structure qui est à l’origine du fameux CES de Las Vegas. « Leur présence vise aussi à attirer un public différent, plus business, mais aussi de simples passionnés de technologie. Le grand public fan de numérique, notamment les digital natives, peut y trouver son compte », affirme Jean-Claude Girot. Un moyen pour le salon de rajeunir son cœur de cible, mais, aussi, de prendre définitivement le tournant de la mobilité connectée.

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