12 mai 2021

Infirmière régulatrice : rassurer le patient et s'adapter à toutes les situations

Cyrille Barat

Lorsqu’un bénéficiaire nous contacte suite à un accident ou une maladie contractée durant son voyage, le chargé d’assistance fait le point sur sa situation et son contrat, puis transmet le dossier aux équipes médicales qui prennent le relais. Mon rôle d’infirmière régulatrice est d’appréhender la situation du patient dans sa globalité et de veiller à sa bonne prise en charge. Comme l’ensemble des médecins et infirmiers du plateau médical qui travaillent à mi-temps en milieu hospitalier ou en libéral, je continue d’exercer à l’hôpital. L’expérience du terrain et la pratique régulière des soins sont essentielles pour mettre en place la logistique la plus adaptée. La plupart des interventions ne nécessitent pas un rapatriement. Je veille à leur bonne prise en charge sur place et je m’assure que leur situation reste stable. Si un rapatriement est nécessaire, je décide en accord avec le médecin régulateur le type de rapatriement et je coordonne la logistique : missionnement d’un médecin ou d’un infirmier transporteur, place d’hospitalisation, déclaration à l’Agence Régionale de Santé... 

J’ai également la responsabilité, avec deux autres infirmières, de préparer pour l’ensemble de la Direction médicale le matériel nécessaire au bon déroulement d’un rapatriement. Nous devons toujours être prêts pour que les escortes médicales puissent intervenir 24h/24.

Tout est allé très vite. En l’espace de seulement deux jours nous avons tous été équipés pour télétravailler. Le contraste entre la  frénésie de l’hôpital et des plateaux d’assistance médicale et le télétravail à la maison était saisissant. Nous avons dû repenser l’ensemble de nos opérations médicales pour surmonter des défis inédits : vols commerciaux annulés, frontières fermées, multiplication des règlementations en matière de déplacement , quarantaines… C’est un vrai casse-tête logistique ! Chargés d’assistance, médecins, infirmiers, nous travaillons tous ensemble pour nous adapter, au jour le jour, et ainsi proposer la prise en charge la plus adaptée malgré ces circonstances extraordinaires. Nous nous réunissons deux fois par jour – en plus des réunions pour discuter des cas les plus graves – pour réfléchir aux meilleures solutions. La logistique comprend désormais : attestations de déplacement, règlementations à vérifier systématiquement, tests PCR à réaliser avant/après le rapatriement, quarantaine obligatoire…

Nous travaillons également en étroite collaboration avec le Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères pour suivre l’évolution régulière des réglementations en vigueur au niveau local. Nous suivons de près les patients bloqués à l’étranger, avec des contrôles téléphoniques réguliers pour nous assurer que tout va bien et les rassurer. Le soutien psychologique est très important, auprès du patient mais également de la famille, en particulier pendant les périodes de quarantaine stressantes. Nous leur recommandons également de s’inscrire sur le site Ariane[1] pour que le Ministère puisse recenser les demandes et permettre des rapatriements communs.

Un patient atteint de la Covid-19 nécessite des mesures d’isolement très strictes et spécifiques. J’identifie la prise en charge la mieux adaptée dans le contexte local, jusqu’à ce qu’il ne soit plus contagieux. Les soins d’urgence ont pu être dispensés aux patients dans les meilleurs établissement locaux, grâce à notre réseau. Le rapatriement est uniquement envisagé pour les cas les plus graves et lorsque les infrastructures locales ne peuvent pas assurer un protocole de soin optimal. En cas d’urgence, le transport par avion sanitaire est la seule solution.

Avec les pics d’hospitalisation en France et la saturation des infrastructures médicales, la possibilité d’organiser une hospitalisation  en réanimation est également très dure à gérer depuis le début de la crise. Les hôpitaux n’ont pas toujours la capacité d’accueillir des patients supplémentaires. C’est beaucoup d’anticipation. J’ai en tête le cas d'un bénéficiaire qui est hospitalisé depuis 2 mois à Beyrouth et sa famille souhaiterait pouvoir le rapatrier pour qu’il soit hospitalisé en réanimation en France afin de se rendre à son chevet. On assiste des personnes qui vivent en France, qui ont un contrat pour ça et qui attendent de recevoir les soins en France. Je dois prendre en compte la situation familiale et expliquer pourquoi on ne peut pas rapatrier et surtout je reste à leurs côtés pour les rassurer et qu’ils ne se sentent pas seuls. On ne ferme jamais le dossier d’un bénéficiaire qui n’est pas rentré.

Depuis le début de la crise sanitaire nous avons donné 100% de notre capacité ! L’infirmière gère aujourd’hui le Contact Médical Premier avec le patient et l’équipe médicale sur place, en France comme à l’étranger. Un outil commun à toutes les filiales est en cours d’élaboration ce qui nous permettra d’avoir une meilleure visibilité à l’échelle mondiale.  Nous avons de plus en plus responsabilités, avec des dossiers plus complexes.

C’est très gratifiant lorsque l’on reçoit des messages de remerciements pour notre accompagnement dans la durée, notre présence rassurante lors d’un rapatriement... Lorsque je lis « Mon père est bien rentré, merci », c’est une victoire personnelle. 

[1] https://pastel.diplomatie.gouv.fr/fildariane/dyn/public/login.html
Suivez-nous sur les réseaux sociaux !