15 01 2019

L'an dernier, j'ai exprimé toute ma confiance dans ce que le digital et les objets connectés pouvaient apporter à la santé humaine. Ma conviction s'est renforcée. Nous devrions connaître dans les 15 prochaines années une rupture décisive en termes d'espérance de vie. Une rupture à la fois quantitative et qualitative. 

Nous allons vivre plus longtemps et, surtout, nous allons vivre mieux plus longtemps. Cette rupture décisive, nous la devrons à la transformation de la médecine qui se fera de moins en moins curative et de plus en plus préventive. Et cette transformation de la médecine, nous la devrons à l'explosion de l'intelligence artificielle. C'est sur ce dernier point que je compte insister cette année car les objets connectés ne sont que la partie visible de cette révolution en marche.

L'accès à un volume de données tel, qu'il devient presque possible de personnaliser les traitements. Il y a seulement 25 ans, un médecin ne disposait, pour établir son diagnostic, que de sa propre expérience et de quelques ouvrages de référence, réactualisés plus ou moins régulièrement, qui ne décrivaient que quelques cas cliniques significatifs, censés valoir pour tous. Aujourd'hui, le même médecin peut accéder instantanément à des milliers de cas, choisis en fonction de leur proximité avec la situation de son patient : sexe, âge, poids, antécédents médicaux ou familiaux, etc...

Et cette information n'est pas seulement parfaitement ciblée, elle s'accompagne de puissants outils d'aide à la décision présentant les différents traitements possibles et leurs chances respectives de succès, d'échec ou de complications. C'est le service que rend, par exemple, l'Entrepôt de Données de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, en ligne depuis un peu plus d'un an.

Mais leur objectif n'est pas le même. Tout dépend de ce que vous placez dans le « cœur de la machine » : les meilleures ventes ou la meilleure décision. Je suis même persuadé que les deux peuvent, dans une certaine mesure, coexister. Imaginez qu'un patient traité pour un excès de cholestérol accepte que ses tickets de caisse de supermarché soient contrôlés par un moteur de recherche capable de lui signaler les produits dangereux pour lui tout en lui suggérant des produits de substitution.

Pourvu qu'il garde, au final, sa liberté de choisir, tout le monde ne serait-il pas gagnant ? En soi, l'intelligence artificielle n'est qu'un outil pour avoir la bonne information au bon moment. En médecine, elle renvoie toujours à l'autonomie de la décision humaine, partagée par le praticien et son patient. On dit d'ailleurs que la moitié de l'efficacité d'un traitement repose sur la qualité de leur relation.

Le développement de la téléconsultation permet surtout d'avoir accès à l'intelligence et à la compétence d'un médecin, 24h/24, 7j/7. Si nous prenons l'exemple des EHPAD*, face à une situation qu'ils ne sont pas à même d'évaluer, leurs personnels peuvent appeler notre plateau d'infirmiers et de médecins. De nombreuses hospitalisations inutiles, voire préjudiciables à l'équilibre de leurs résidents, sont ainsi évitées. Je pourrais parler aussi du développement de la chirurgie ambulatoire, plébiscitée par les patients mais qui demande le même type de suivi, une fois rentré chez soi...  Au passage, ces deux exemples illustrent l'importance du partage des données entre médecin traitant, établissement de soin et médecin tiers, pour un parcours de santé techniquement – et humainement – optimisé.

* Établissement d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes.

J'ai devant moi, sur mon bureau, un Kardia Mobile. Cet appareil plus petit qu'une carte de crédit est capable de réaliser en quelques secondes un électrocardiogramme si l'on pose 4 doigts dessus à proximité d'un smartphone. Il remplace une machine de 25 kilos. Dans un futur très proche, on le trouvera, lui ou une version améliorée, sur toutes les personnes souffrant de pathologies cardiaques. Il détectera précocement les anomalies annonciatrices de crises et, ainsi, sauvera de nombreuses vies. Or, il m'a été envoyé par un participant aux derniers Sommets du Digital, qui n'a aucun lien particulier avec l'entreprise qui le fabrique. Il s'est juste rappelé que j'étais très impliqué dans ce type de démarche. C'est précisément cet esprit de réseau que je viens chercher ici. Par rapport à des organisations plus formelles, il peut nous faire prendre des raccourcis précieux... en ajoutant, souvent, un zest d'inattendu.

 

Suivez-nous sur les réseaux sociaux !