13 juillet 2021

Infirmière : une présence sur le terrain qui rassure lors d'un rapatriement

Evodie Sarisin

Tout commence par un échange avec le bénéficiaire qui nous contacte en cas d’accident ou maladie durant son voyage. Le chargé d’assistance l’interroge pour faire le point sur sa situation et sur son contrat avant de transmettre l’appel à un médecin ou un(e) infirmier(e). Nous prenons le relais sur la partie médicale et nous contactons les équipes étrangères pour appréhender la situation et décider de la meilleure solution pour accompagner le patient sur place ou organiser son rapatriement.

À l’hôpital, une grande partie de notre activité, ce sont les actes techniques et la coordination des soins. Dans l’assistance, on fait appel à notre expertise d’infirmier : l’expérience du terrain nous permet d’organiser le rapatriement le plus adapté pour le patient. C’est intéressant de pouvoir se dire que des sociétés font appel à nous parce que c’est nous qui avons la meilleure capacité à juger de l’autonomie du patient. Nous avons une place, dans la prise en charge du patient, qui est différente de celle que l’on peut avoir à l’hôpital. Si un rapatriement est nécessaire, je décide en accord avec le médecin régulateur le type de rapatriement et je coordonne la logistique : réservation d’une place d’hospitalisation, déclaration à l’Agence Régionale de Santé, préparation du matériel et des médicaments... 

Un rapatriement n’est pas nécessairement médicalisé. Le rapatriement non médicalisé concerne les blessures qui obligent l’assuré à rentrer sans pour autant avoir besoin d’une aide médicalisée durant le transport. C’est par exemple le cas pour un bras cassé. Le rapatriement sanitaire médicalisé concerne les cas où la présence d’un infirmier ou d’un médecin durant le transport est indispensable, comme un AVC ou infarctus. Enfin, l’évacuation par avion sanitaire est réservée aux cas les plus urgents, comme un AVC non stabilisé ou un accident de la route. En fonction de l’âge du patient, de son état de santé général, de la durée du trajet et de l’accompagnement ou non d’un proche, nous évaluons si une escorte médicale est nécessaire. Cet accompagnement permet non seulement d’aider le patient à se déplacer, à se rendre aux toilettes, mais également d’administrer tout  traitement nécessaire durant le transport (anticoagulant, sonde, etc.) et de surveiller ses constantes.

Être infirmière dans une société d’assistance permet d’avoir plus de temps pour rassurer, accompagner le patient et ses proches. Nous sommes dans la prise en charge globale du patient, du point de vue des soins et de l’entourage. Souvent, il faut aussi faire avec les inquiétudes du conjoint. Aux urgences, dans le « soin pur », c’est une chose qu’on oublie parfois un peu.

En rapatriement, il y a de longs moments avec le patient, souvent inquiet et vulnérable. Nous redécouvrons ses inquiétudes et son anxiété par rapport à des gestes qui nous semblent anodins par leur caractère répétitif, comme une pose de perfusion ou de sonde urinaire. Nous sommes là pour le rassurer et veiller à son bien-être.

Patagonie, Algérie, Canada… Les rapatriements s’opèrent depuis les quatre coins du monde. Nous sommes en contact permanent avec les autorités françaises afin d’être toujours au fait des législations en vigueur dans les différents pays. Cela permet aussi parfois de bénéficier de places prioritaires sur les vols de rapatriement des ambassades françaises ainsi que des autorisations expresses de voyage pour les escortes médicales.

Depuis le début de la crise sanitaire, tout est évidemment plus complexe. Une bénéficiaire nous a contactés depuis le Canada, où elle était en voyage, ayant contracté une maladie. Pour la rapatrier, les équipes ont mis en œuvre un dispositif inédit, qui a demandé une double escorte médicale, car les autorités canadiennes avaient prévu de laisser patienter l’escorte quatre heures dans la zone internationale. En l’absence de repos et en raison de ce temps très court entre l’arrivée et le départ pour la France, cette seconde escorte était nécessaire. La première équipe médicale a rejoint la bénéficiaire et l’a accompagnée jusqu’à Montréal. L’équipe est restée dans la zone internationale de l’aéroport pendant quatre heures pour éviter la mise en quarantaine. Une fois à Montréal, la bénéficiaire a retrouvé la seconde équipe médicale qui devait la rapatrier et a pris un vol pour rentrer. A son arrivée, elle a été conduite à l’hôpital. 

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